Un auteur canadien a publié sur le site Vice le récit d’une soirée de Breakup Party à laquelle il a assisté. Et contre toute attente, il a adoré. Témoignage.
Plutôt que de nier la dure réalité, ils l’ont reconnue. Avec des ballons et des banderoles.
Ce n’est pas tous les jours qu’on est invité à célébrer la rupture de quelqu’un. Particulièrement si les deux ex participent à la fête. Alors quand l’invitation est arrivée sur Facebook (« Fêtons la fin de nos 6 années ensemble ! »), je l’ai aussitôt acceptée. Ayant moi-même traversé une séparation difficile quelques mois plus tôt, l’idée d’y aller me donnait un drôle de frisson masochiste.
A vrai dire, leur rupture m’avait surpris. Le couple organisateur de la fête avait une relation qu’il était difficile de ne pas admirer. Ils communiquaient bien. Ils se faisaient mutuellement rire. Ils étaient engagés. Ils avaient des tas de centres d’intérêt communs. Et apparemment, ils avaient à présent une chose en commun : le désir d’être célibataire.
Quand je suis arrivé ce samedi, j’étais sceptique. Au premier abord, cette fête semblait facile à détester. Elle était kitsch. Auto-centrée et suffisante. Bien sûr, il était difficile de savoir si mon jugement était simplement cynique ou lié à ma propre expérience de rupture. Ou parce que je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Même Internet n’a pas pu m’aider. Une recherche Google avec le terme Breakup Party ne renvoyait qu’un seul résultat d’un dictionnaire et un lien vers une vidéo de hip hop.
Pendant des générations, la romance a été imprégnée d’un dogme séculaire : la notion d’âme-sœur, par exemple, ou le « tout arrive pour une raison, » ou encore l’idée de « trouver la bonne personne ». Une Breakup Party ne matche pas avec ces notions conventionnelles sur l’amour. Une rupture est un échec. Une trahison. Un aveu de défaite. Quelque chose qu’on doit subir. Pas célébrer.
Elle était assise au niveau du mur opposé, sirotant un verre de vin rouge, évitant de regarder de mon côté. J’aurais dû le prévoir. Nous avons beaucoup d’amis communs.
Je suis allé me chercher une bière. Quelques minutes plus tard, nos hôtes ont annoncé qu’ils allaient commencer. Tout le monde a applaudi. Je me suis préparé à ce que les choses deviennent bizarres. Tout ceci allait forcément tourner au désastre.
« Merci à tous d’être venus », a déclaré notre hôte, pendant que son ex nous saluait de la main et sirotait son vin. Ils ont commencé par lire les post-it : la virée en bateau sur le Shuswap, notre voyage en kayak, nos soirées… Certaines anecdotes étaient drôles, d’autres touchantes.
Ensuite, il y a eu un diaporama.
Ils se sont assis à côté, il a expliqué comment ils se sont rencontrés (sur un bateau). Il a parlé de leurs débuts, de leur emménagement ensemble, de ce qui l’a attiré chez elle. Ils ont montré des photos de leurs voyages, de leurs soirées… Elle a parlé brièvement, un peu bouleversée. Elle a remercié tout le monde d’être venu, d’être leurs amis durant cette phase de leur vie et dit qu’elle était impatiente de vivre de nouvelles aventures.
Bien sûr, il y a eu beaucoup de non-dits. Un an après qu’ils aient commencé leur relation, ils l’ont transformé en relation ouverte, eu des parties à trois et à quatre, vu d’autres gens… La jalousie, le drame, les tromperies.
Il a enfin expliqué que leur décision de rompre était une décision pragmatique, le résultat de six années de transition de l’amour à une amitié profonde.
Crédit photo : Pixabay